Aujourd’hui je voudrais vous parler d’un sujet qui touche 1 couple sur 8 : l’infertilité.
Aussi surprenant que cela puisse paraitre, l’alimentation est intimement lié à cette problématique. Je vais donc vous présenter un rapide résumé des connaissances actuelles concernant l’infertilité et vous proposer d’élargir votre horizon sur l’impact de l’alimentation et les solutions associées.
Pour rappel:
L’infertilité est la difficulté à concevoir un enfant. Après 1 an de tentatives, 15-25% des couples ne réussiront pas à aboutir à une grossesse et 8-11% n’y arriveront pas après 2 ans de tentatives. Dans 1/3 des cas le problème vient de l’homme, 1/3 de la femme et 1/3 concerne les deux.
Aujourd’hui, la fertilité de l’Homme est fortement altérée et elle aurait tendance à encore diminuer, notamment lié à la réduction de près de la moitié de la qualité et de la quantité de spermatozoïdes en 30 ans.
Qu’elle en sont les causes ?
L’âge est un facteur déterminant puisque l’âge moyen des femme à l’arrivée du premier enfant est en moyen de 30 ans en 2018 contre 26 ans en 1977.
Certaines pathologies sont grandement mises en cause, chez la femme, on parle le plus souvent du SOPK (syndrome des ovaires polykystiques), il concernerait environ 10% des femmes. Il est associé à une production excessive de testostérone entrainant une altération du cycle ovarien normal. On parle également de l’insuffisance ovarienne, de la sténose tubulaire bilatérale (infection), d’anomalies utérine ou encore l’endométriose (qui touche près de 10% des femmes).
Chez l’homme, on parle le plus souvent d’insuffisance testiculaire (anomalies de la spermatogenèse: azoospermie, oligospermie ou tératospermie).
L’origine de ces troubles reste encore obscure. On sait néanmoins que de nombreux facteurs environnementaux y participent : tabac, perturbateurs endocriniens, pollution, facteurs psychiques (“les chances de fécondation seraient diminuées de près de 40% chez les femmes présentant un niveau de stress élevé au moment de la fécondation” Inserm, dossier fertilité), le poids (“Chez la femme, le risque d’infertilité après un an de tentatives est augmenté de 27% en cas de surpoids et de 78% en cas d’obésité. Le risque d’anovulation est multiplié par 3 à 4 pour un IMC supérieur à 32 kg/m2” Inserm, dossier infertilité).
L’infertilité peut également être iatrogène, c’est à dire lié à la consommation de certains médicaments tel que l’ibuprofène (réduction du taux de testostérone chez l’homme).
Des facteurs liés au mode de vie sont également responsables : horaires décalés, sédentarité…
L’impact de l’alimentation est quant à lui nettement sous estimé dans la majorité des articles et revues scientifiques de vulgarisation et seulement cité en bas de page, alors que la littérature scientifique regorge de pépites démontrant une association forte entre infertilité et alimentation. En réalité cette dernière représente un facteur déterminant.
Traitement actuel:
Peu de traitements existent, excepté pour le SOPK qui est traité avec des hormones pour stimuler l’ovulation. La solution employée est souvent la procréation médicalement assistée (PMA), le problème n’est donc pas résolu et persiste lors du désire d’un second enfant.
Ainsi les traitements proposés aux couples ne sont pas très nombreux avec souvent des effets secondaires lors du traitement hormonal. Il est néanmoins possible d’agir au niveau diététique en amont ou en même temps que les traitements pour potentialiser leurs effets et réduire les effets secondaires.
Alimentation:
Les études montrent une nette augmentation de la fertilité suite à un rééquilibrage alimentaire (spécifique). C’est ce que je vous propose de voir en bref dans l’image ci-après.
Globalement:
Que ce soit chez l’homme ou chez la femme, une alimentation “féconde” est basée sur un apport important de fruits et légumes.
Cela permet une alimentation peu calorique, à IG bas, riche en anti-oxydants et nutriments essentiels (ac foliques, fibres…). Chez l’homme ou chez la femme, la consommation de produits industriels affecte la fertilité, de par la présence d’additifs, de perturbateurs endocriniens, d’acide gras trans et saturé ou simplement de sucres raffinés.
On observe notamment l’impact du microbiote sur la fertilité et bien évidemment la pire ennemie du microbiote est l’alimentation occidentale (viandes, plats préparés, sucres, gras…) tandis que son alliée, est la consommation de végétaux.
Explications:
Consommation de glucides, pourquoi l’IG (index glycémique) est si important pour la fertilité de la femme ?
La consommation d’aliments à IG élevé (alimentation courante) augmente la résistance à l’insuline, la dyslipidémie et le stress oxydatif, 3 éléments qui affectent les fonctions ovariennes.
En effet l’insuline participe à la régulation des fonctions reproductives, en intervenant au niveau de la production des hormones sexuels. Ainsi une hyper-insulinémie est associée à une hyper production d’androgènes et de désordres ovulatoires. Ce qui explique qu’une forte consommation de sucres simples et une faible consommation de fibres sont associées à l’infertilité chez la femme (particulièrement en cas d’SOPK).
L’importance du bon gras
La consommation excessive de gras affecte la fertilité, mais le plus important, est la qualité du gras consommé, bien plus que la quantité. Les acides gras trans affectent la fertilité en augmentant la résistance à l’insuline et perturbent le métabolisme global. Leur consommation augmente le risque d’endométriose. D’un autre coté, les acides gras polyinsaturé (oméga 3 notamment) ont un impact positif sur la fertilité. Ils sont anti-inflammatoires, ils améliorent le développement des ovocytes et augmentent la progestérone.
C’est pourquoi il est essentiel d’augmenter sa consommation d’oléagineux et d’huile riche en oméga-3.
Chez les hommes, de nombreuses études le confirment et observent des améliorations de la fertilité à la suite d’une cure d’oléagineux (noix). Le profil lipidique (gras) du sperm change et est associé à une meilleure motilité, une meilleure morphologie et une concentration plus importante de spermatozoïde.
L’importance de la source protéique
Il semble que la consommation de protéines animales est associée à un risque plus important d’infertilité. A l’inverse la consommation de protéines végétales améliore la fertilité. Cela pourrait être lié notamment à l’impact des protéines végétales sur l’insuline.
Chez l’homme également, la consommation de viandes, notamment la viande rouge, est négativement associée avec la fertilité.
Les produits laitiers
A consommer avec modération chez la femme et chez l’homme, les données sont contradictoires sur le sujet.
Phytoestrogènes (soja)
On a d’abord craint une altération de la fertilité mais les études tendent à montrer l’inverse chez la femme. Chez l’homme les données sont mitigées et semblent pencher vers l’absence d’effets.
En conclusion
L’alimentation n’est donc pas à négliger lorsqu’on souhaite concevoir et au delà du risque d’infertilité, l’alimentation pré-conceptuelle représente un bagage santé que l’on apporte au foetus.
Ensuite, on sait aujourd’hui que l’environnement in-utéro, et donc l’alimentation et le mode de vie de la mère pendant la grossesse, affecte le développement de l’enfant tout le reste de sa vie, en bien ou en mal, bien au delà de ce que l’on peut imaginer.
Enfin, tout changement alimentaire entrepris avant la grossesse et maintenu à long terme ne sera que bénéfique pour l‘enfant qui prendra ainsi de bonnes habitudes alimentaires.
J’espère que cette article vous aidera à concevoir en vous apportant un éclairage sur les différents axes d’amélioration qui s’offrent à vous.
Je proposerai prochainement un article dédié au SOPK qui est handicapant pour la femme et qui peut largement être soulagé voire “guéri” avec une alimentation adaptée.
Il reste important de consulter un médecin si vous soupçonnez une infertilité afin d’en déterminer la cause, en parallèle, n’hésitez pas à consulter un diététicien pour vous accompagnera, cela ne pourra qu’être bénéfique.
Je reste à votre disposition si vous avez des questions, n’hésitez pas à laisser un commentaire ou à me contacter pour plus d’informations.
Joanna Loglisci Laporte
Diététicienne-Nutritionniste